Un petit air d’inachevé
lundi 15 mai 2006 - 12 h 48 - Nicolas PUIRAVAU
L’Olympique Lyonnais n’a pas manqué son rendez-vous avec l’histoire en décrochant un cinquième titre de champion consécutif au terme d’un parcours exceptionnel. Seule ombre au tableau : les éliminations de la Ligue des Champions et de la Coupe de France la même semaine.
Le film de la saison
Après un Trophée des Champions en guise d’apéritif, l’Olympique Lyonnais n’a pas caché ses ambitions : conquérir un cinquième titre consécutif en championnat, bien figurer en Coupe de France et surtout briller en Ligue des Champions. Avec la perspective de disputer la finale au Stade de France. Du coup, c’est un OL affamé qui lance sa saison au Mans le 31 juillet. Un premier succès, rapidement suivi par des victoires face à Strasbourg et Nancy… Un match nul à Marseille puis une nouvelle victoire à Auxerre lors de la cinquième journée permettent aux Lyonnais de prendre les commandes de la L1 le 28 août. Et les joueurs de Gérard Houllier ne les quitteront plus. Malgré deux matchs difficiles à Bordeaux puis face à Lens (deux nuls), l’OL va consolider son fauteuil pendant deux mois de rêve. Sept succès consécutifs entre le 25 septembre et le 19 novembre. Nantes, Rennes, Ajaccio, Metz, Sochaux, Toulouse et Troyes ne pèsent pas bien lourd face aux Gones. Et après quinze journées de championnat, Lyon compte déjà douze points d’avance sur son premier poursuivant.
Dans le même temps, la Ligue des Champions confirme que l’OL est un sérieux client. La première phase est avalée sans souci avec notamment un large succès face au Real Madrid sur la pelouse de Gerland (3-0). Cinq victoires et un match nul : le bilan de l’OL est quasi-parfait. Même constat en championnat puisque malgré un revers à domicile face à Lille avant la trêve, Lyon part en vacances avec douze points d’avance sur un trio composé d’Auxerre, Bordeaux et Lens. Ce confortable matelas sera brièvement menacé début février, les Bordelais profitant d’un match en plus pour revenir à neuf longueurs. Puis à six. Mais les Girondins ne recolleront jamais malgré une nouvelle défaite de l’OL à Gerland, cette fois face à Rennes. Les Lyonnais, qui n’ont pas été épargnés par les blessures et qui ont dû composer avec une défense décimée, recreusent tranquillement l’écart et le titre est officialisé lors de la 35eme journée, quelques jours après la cruelle élimination en quart de finale de la Ligue des Champions. A l’arrivée, le parcours de l’OL en championnat est sans équivoque : record de points, écart historique avec le deuxième (+15), meilleure attaque, deuxième défense… L’OL a tout écrasé sur son passage et remporte un cinquième titre d’affilée. Sans surprise. Mais certainement pas sans mérite…
Les satisfactions
Elles sont bien évidemment nombreuses après une telle saison. La première, et pas des moindres, concerne surtout Jean-Michel Aulas. Le président lyonnais ne s’est pas trompé en choisissant Gérard Houllier pour succéder à Paul Le Guen puisque le nouvel entraîneur de l’OL a parfaitement trouvé sa place dans cette machine à gagner qu’est l’OL. Et l’objectif premier du club, à savoir un nouveau titre de champion, a été atteint.
Côté joueurs, ils sont là aussi nombreux à avoir réalisé une grande saison. On pourrait presque tous les citer mais on peut ressortir quelques éléments du lot : Coupet, Cris, M.Diarra, Juninho, F.Malouda ou encore Wiltord. Sans oublier les recrues qui ont vite trouvé leurs marques : Fred (meilleur buteur du club), Müller (arrivé au Mercato suite à la blessure de Caçapa) et Tiago, qui a fait oublier Essien.
La saison lyonnaise a été également été marquée par l’éclosion de quelques jeunes. Benzema a ainsi confirmé son immense talent alors que François Clerc est sorti de nulle part pour finalement découvrir la L1 et même l’équipe de France lors d’un rassemblement.
Les déceptions
Elles sont forcément à relativiser tant l’OL a dominé le championnat mais tout n’a cependant pas fonctionné comme prévu. A commencer par les éliminations en quarts de finale de la Coupe de France et de la Ligue des Champions (voir ci-dessous). Côté joueurs, il y a d’abord eu les blessures à répétition (Caçapa, Réveillère, Abidal, Berthod…). Puis les vraies déceptions sportives. On peut parler de Carew, auteur d’un début de championnat brillant mais qui a décliné au fil des mois. Mais aussi de Pedretti, arrivé de Marseille dans l’idée de se relancer et qui n’aura pas eu le temps de jeu escompté.
Parcours en coupes
Si la Coupe de la Ligue n’était pas dans les objectifs du club (élimination en seizièmes de finale face à Nantes), la donne était différente avec la Coupe de France. Jean-Michel Aulas rêvait en effet d’un trophée qui échappe à l’OL depuis 1973. C’était sans compter sur une semaine noire : élimination de la Ligue des Champions face à l’AC Milan en quarts de finale (après avoir battu le PSV Eindhoven en huitièmes) et nouvelle élimination quelques jours plus tard de la Coupe de France, à Gerland face à Marseille. Et toujours en quarts de finale.
Trois questions à … Jean-Michel AULAS
Président Aulas, Gérard Houllier vous a-t-il apporté ce que vous attendiez cette saison ?
Oui, à cent pour cent. Il était là pour gagner un cinquième titre. Et il l’a gagné. Il était là pour se qualifier pour le deuxième tour de la Ligue des Champions. Et il l’a fait. On se retrouve dans une situation conforme à nos objectifs. C’est très dur de courir plusieurs lièvres à la fois et on est parfaitement satisfait de la manière dont il l’a fait et du résultat obtenu.
Est-ce le plus beau des cinq titres finalement ?
Bien sûr, c’est le plus difficile contrairement à ce que l’on pense. La remise en cause est toujours difficile. On a gagné onze titres depuis six ans avec la Coupe de La Ligue et les Trophées des Champions, ce qui est absolument incroyable. Et avec trois entraîneurs différents. Différents dans leur conception, différents dans leur management. Mais tous trois très efficaces. Et c’est pour moi un enrichissement personnel, culturel et footballistique formidable.
Juninho a demandé que l’ossature de l’équipe soit gardée au moins une année supplémentaire. Allez-vous accéder à ses désirs ?
Sur le principe, on ne peut qu’être d’accord. En général, Juninho est quelqu’un qui dit les choses de manières extrêmement lucides. On ne peut être que parfaitement en ligne avec ses réflexions. Après, sur le terrain, on en discutera avec Gérard pour voir comment bien sûr garder l’ossature, garder les meilleurs. Mais dans toutes les équipes, il faut qu’il y ait un certain nombre de petits changements. Non pas que l’équipe puisse être améliorée par ces changements mais parce que c’est indispensable, tant vis-à-vis du public que de la créativité et de l’imagination qu’il faut procurer à une équipe.